Chaque semaine, des millions de bacs bleus sont déposés en bordure de rue au Québec. Derrière ce geste routinier se cache un écosystème complexe, mobilisant une grande diversité de travailleurs et de travailleuses. Du ramassage jusqu’au tri, en passant par la planification et la sensibilisation, la collecte sélective fait vivre un large éventail de métiers souvent méconnus. Dans un contexte de réforme et de modernisation, ces emplois jouent un rôle plus essentiel que jamais.
Une performance encore fragile, mais un secteur en transformation
Le plus récent Bilan GMR de RECYC-QUÉBEC révèle une baisse encourageante des matières résiduelles éliminées au Québec, bien qu’il subsiste plusieurs défis à surmonter. En 2023, 6,08 millions de tonnes de matières ont été éliminées, soit une diminution de 1 % par rapport à 2021.
Plus révélateur encore : la quantité éliminée par habitant a chuté de 5 %, passant de 719 kg à 685 kg par personne, malgré une hausse de 4 % de la population québécoise sur la même période. Cela suggère un effort réel de réduction à la source et une certaine efficacité dans les programmes de gestion des matières.
Toutefois, la situation demeure préoccupante du côté de la collecte sélective. En 2023, 1,02 million de tonnes de matières recyclables ont été triées, ce qui représente une baisse de 3 % comparativement à 2021. Le taux de recyclage des matières municipales reste figé à 48 %, un plafond qui n’a pas été franchi depuis plusieurs années, malgré les efforts de modernisation.
Le verre demeure particulièrement problématique. Bien que les quantités enfouies aient diminué de 17 %, plus de la moitié du verre trié est encore envoyée à l’élimination, faute de débouchés viables ou de filières adaptées.
Dans ce contexte, la réforme de la collecte sélective et l’élargissement de la responsabilité des producteurs (REP) suscitent beaucoup d’attentes. Ces mesures devraient permettre une meilleure uniformisation des pratiques, une valorisation accrue des matières et une répartition plus équitable des responsabilités. Mais pour qu’elles portent fruit, elles devront s’appuyer sur des infrastructures modernes, des innovations technologiques, et, surtout, sur les travailleuses et travailleurs qualifiés qui sont impliqués sur la chaîne de collecte.
Quels emplois sont impliqués dans la chaîne de la collecte sélective au Québec?
Au-delà des conducteurs et conductrices de camions que vous voyez passer, la collecte sélective mobilise une diversité d’acteurs et de compétences à chaque étape du processus.
Sur le terrain : les agents et agentes de collecte
Ces professionnel·les sont souvent le premier contact avec le citoyen. Ils effectuent la cueillette des bacs bleus dans diverses zones résidentielles et industrielles, et leur travail assure le bon déroulement de la chaîne logistique.
Dans les centres de tri : trieur·euses, opérateur·trices et technicien·nes
Les centres de tri, qui reçoivent plus d’un million de tonnes de matières recyclables chaque année, combinent tri manuel et tri mécanisé. Les trieurs et trieuses assurent la bonne sélection des matières, les opérateurs et opératrices surveillent les systèmes de tri automatisés, et les techniciens et techniciennes calibrent, entretiennent et optimisent les équipements pour réduire le taux de perte à la sortie du centre.
Contrôle qualité et conformité : technicien·nes en environnement
Les matières triées doivent répondre à des standards environnementaux et réglementaires précisés dans les guides de Recyc‑Québec. Les technicien·nes assurent des prélèvements, vérifient la propreté des flux et consignent les taux de contamination. Le taux de recyclage stable sous les 50 % illustre l’importance croissante des contrôles qualité et du suivi rigoureux .
Logistique et planification : chargé·es de projets
Pour garantir une collecte optimisée, les planificateurs coordonnent les tournées, allouent les ressources, anticipent les pics de volume et adaptent les itinéraires. Les enjeux liés aux coûts croissants et à la réforme de la collecte sélective renforcent le besoin d’expertises techniques et analytiques dans ce volet.
Sensibilisation et éducation : communicateur·rices environnementaux
L’amélioration du tri commence avant la collecte. Ces professionnel·les développent des campagnes ciblées, aident à mettre en œuvre des programmes locaux et expliquent aux citoyen·nes comment participer adéquatement à la collecte.
Innovation et ingénierie : spécialistes des technologies de tri
Avec la modernisation en cours des centres de tri, des expert·es en mécanique, automatisation ou vision optique deviennent essentiels. Ils développent des solutions pour augmenter les performances de tri et réduire les pertes.
Gestion financière et conformité
Enfin, des gestionnaires administratifs et financiers gèrent les budgets de collecte et assurent le respect des obligations. Ces postes gagnent en importance face à la réforme imminente de la collecte et aux exigences accrues de transparence budgétaire.
